À l’aube, je pris la mer sur un petit bateau. Dans l’ombre qui encore m’enveloppait, je fis voile vers une grande île qui observait le rivage. Trônant au milieu des eaux noires, elle ressemblait à une sentinelle protégeant le pays des tempêtes venues du lointain. Je gravis un à un les degrés de sa pente. Rien n’y poussait. Pas un arbre, pas une fleur, pas un brin d’herbe ne peuplaient ses flancs nus. Ce n’est qu’arrivé au sommet que je trouvais une bouteille, seule dans le bruit du vent. Elle contenait un liquide turquoise et une étiquette indiquait : « grand cru de saphir ».
Un verre était posé à ses côtés. Je le remplis.
Alors, à mesure que dans le ciel montait le soleil, que les couleurs autour de moi s’animaient, que les roches luisantes de l’île s’empourpraient de lumières et qu’au loin les villages s’éveillaient, je bus, doucement, un grand verre de vin bleu.
Matthieu Méron
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